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L'Homme
de dos

L'Homme de dos est une compagnie indépendante de théâtre, basée à Genève. Son travail porte sur divers matériaux textuels et scéniques. Entre écriture de plateau, née du travail de création, d'interprétation et d'improvisation des actrices et des acteurs, écriture personnelle, et texte d'auteur.e.s, la compagnie s'intéresse à un jeu-limite entre la comédie, le drame et la satire. 

« D'après », « Les Luttes intestines » et « Saunå », les plus récents projets de la compagnie, ont été présentés à Genève, Lausanne, Vevey, Martigny, Sion, Fribourg, Bienne, Neuchâtel, Nyon et Zürich.

Christèle Fürbringer, administratrice – Pourrais-tu dire quelques mots sur le travail de la compagnie ?

 

Adrien Barazzone, metteur en scène – J’ai fondé L’Homme de dos en 2012. À l’époque, je venais de rédiger mon mémoire de fin d’étude à La Manufacture sur les processus émotionnels à l’œuvre dans le théâtre du polonais Krzysztof Warlikowski. J’étais tombé sur ce que les scientifiques ont appelé les neurones miroirs – qui, par empathie, réagissent comme si nous étions l’Autre. J’ai trouvé ça hallucinant. De là partant, j’en ai dégagé une sorte de fascination pour la figure d’un homme (ou d’une femme !) de dos : un derrière – un corps sans intentions visibles a priori, sur lequel on pourrait projeter nos propres désirs. Nos émotions, nos peurs – je suis un grand angoissé. L’art est une sorte de miroir, une surface de projection. C’est ça qui me plaît. C’est aussi pour moi la représentation d’une malice : quelqu’un est là, dont on croit apercevoir un sourire en coin ! Cette malice – certains diront dérision – traverse mes projets depuis le début. 

 

De quelle manière?

 

La question de fond, c’est toujours l’idée d’un basculement possible. Je m’interroge sur les changements de paradigmes – ces moments où nous arrivons à nous penser autrement. Ces volte-faces sont pour moi souvent liés aux avancées scientifiques ou technologiques. Dans « Saunå » (2013), je m’intéressais au changement climatique. Des bobos trentenaires se rendaient à un sommet environnemental en Norvège et se retrouvaient face à un individu (on pouvait y voir la figure d’un Breivik) qui, lui, ne tergiversait plus : pour sauver la planète, il avait fait le choix radical d’exterminer la nouvelle génération de gauchistes. « Les Luttes intestines » (2017), remonté au Schauspielhaus de Zürich à l’occasion de sa sélection à la 5ème Rencontre du Théâtre Suisse, confrontait les découvertes scientifiques liées au microbiote intestinal avec la question de nos choix puis celle de nos responsabilités individuelles et collectives, au sein de notre société actuelle très moraliste.

 

La question de la morale semble en effet être très présente dans la genèse de tes projets. 

 

Je dirais que l’éthique ou la morale sont des notions qui m’habitent au quotidien. C’est donc principalement un point de départ puisque je crois que le théâtre doit être civique. Ensuite je les évacue, car je n’apprécie pas particulièrement le théâtre didactique. Pour moi, la vertu du théâtre est de présenter des problèmes complexes. Je cherche ma propre radicalité sans offrir aux spectatrices et aux spectateurs un point de vue unique. Le public est malin et je suis joueur ! Je me tiens sur le fil. Entre le lard et le cochon.

 

© Adrien Barazzone

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« On n’est pas surpris de rire aux spectacles d’Adrien Barazzone. Initié à la scène au Théâtre du Loup, un lieu genevois qui s’est fait un nom à travers ses spectacles vivants, insolents et musicaux, le trentenaire aime la satire sociale et la dérision. En 2014, il a créé «Saunå» qui raconte comment des spécialistes de l’environnement se retrouvent à un congrès et commencent à détester la nature parce qu’ils se perdent en forêt. Puis, le comédien a imaginé avec deux collègues issues, comme lui, de la Haute école de Théâtre de Suisse romande, «Tu nous entends?», une balade rock et déglinguée sur les idoles mortes à 27 ans. Chaque fois, des performances d’acteur et un goût pour l’absurde très prononcé. Adrien Barazzone? L’art du salé-secoué. »
 

Programme de la Rencontre du Théâtre Suisse, Marie-Pierre Genecand, journaliste

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